Accueil » La maladie – Papa

La maladie – Papa

by Laure
article traitant de l'annonce d'une maladie, du cancer, hôpital, médecin, émotion, choc

 

Je vais aborder dans cet article l’annonce de la maladie pour le cas de mon père et dans un autre celui de ma mère.

Il est des moments dans une vie, où tout bascule, la découverte de la maladie de mon père et son annonce changera définitivement la mienne le 15 juin 2017.

Maladie & examens

Samedi 10 juin 2017, Je suis au téléphone avec mon papa qui m’explique devoir réaliser la semaine suivante plusieurs examens à l’hôpital vis-à-vis de sa gorge qui est enflée et de plusieurs pathologies. Une biopsie du larynx est programmée le jeudi suivant. Mon père me demande ne pas m’inquiéter, ce n’est pas grands choses selon ses propos. Je réponds que si l’on pratique une biopsie, c’est pour une suspicion de cancer. Aucune réponse de sa part à cette phrase, nous convenons de nous rappeler en fin de semaine.

Hôpital (ambulatoire)

Jeudi 15 juin 2017, je passe une journée relativement tranquille (je suis responsable dans une boutique d’huile d’olives), je regarde régulièrement mon téléphone sans savoir pourquoi.

Vers 18h, je reçois un appel en 01 (j’ai tendance à ne pas décrocher lorsque le numéro est inconnu). Cette fois-ci, je n’ai pas le temps de décrocher à temps, on me laisse un message. Je sors de la boutique, la réception est mauvaise à l’intérieur du bâtiment.

 

« Mme Thomas, bonjour, Hôpital de Suresnes, nous vous contactons, car votre papa était chez nous ce jour pour réaliser des examens, pouvez-vous nous recontacter à ce numéro ».

Je rappelle immédiatement et tombe sur la personne du message. Au ton de sa voix et la tournure des phrases, je comprends tout de suite qu’il y a un souci.

Biopsie du Larynx & annonce

La biopsie a eu des complications, provoquant un arrêt cardio-respiratoire assez long. Le pronostic vital est engagé, on place mon père en coma artificiel. Il faut venir le plus rapidement possible.

Il est 18h15, mon père habite 92, je suis dans le 06.

Je prends un des premiers vols le lendemain, arrive sur place vers 11h. Il faut se présenter au service réanimation, soin intensif. La prise en charge est immédiate par l’équipe médicale tout en m’expliquant le fonctionnement du service, puis on m’amène auprès de mon père.

Fin de matinée, je rencontre 4 médecins pour parler du cas de mon papa. On m’explique que durant l’examen, les voies respiratoires de mon papa se sont fermées, provoquant un arrêt cardio-respiratoire de 35 minutes. Suite aux manœuvres de réanimation : collapsus aux poumons, éclatement de la rate.

La question principale de tout ceci : Va-t-il se réveiller ? Si oui, comment ?

 

À peine, ai-je le temps d’appréhender tout ceci, on m’oriente vers l’Oncologue suivant le cas de mon papa. Je découvre lors de la discussion, qu’aucun doute n’existe sur la présence d’un cancer. L’interrogation est uniquement sur le stade. Le verdict tombe, cancer (sarcome) du Larynx, stade IV, pas encore de métastase. Le docteur me donne de la documentation et m’explique que le taux de survie dans le cas de mon papa à 5 ans est de 30%.

 

Vous vous demander pourquoi je vous indique ce détail?

Cela va conditionner beaucoup de choses, comme expliquée rapidement à mes proches, cette statistique sur la maladie correspond à une personne se trouvant en bonne santé.

Vous imaginez bien, vu le contexte, que la survie de votre père à 5 ans parait illusoire.

Pourquoi ce récit ?

J’ai voulu partager ce moment délicat et intime de ma vie, pour formaliser ce double choc. Mon père a fait le choix de cacher son cancer. Malheureusement, j’ai dû gérer deux annonces en une, ce qui est assez violent. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises manières d’annoncer une maladie. Toutefois, j’aurais préféré que mon père soit transparent sur son cancer.

Pouvoir réaliser mon cheminement, l’acceptation de la maladie. Je compare toujours ce moment de ma vie au passage du pataugeoire de la piscine au grand bain. En temps normal, on vous met des brassards et/ou une ceinture, puis, lorsque vous êtes suffisamment en confiance, on enlève les sécurités. Dans ce cas précis, on me propulse dans les 3 mètres de profondeurs sans sécurité.

Chacun doit pouvoir assimiler à sa façon ce type d’information, qui va toucher aussi bien la personne concernée que son entourage.

Et mon papa?

Dans tout ceci, je ne pourrais pas vous partager le sentiment de mon père face à l’annonce de sa maladie. Il a toujours été pudique, n’exprimant et montrant peu ses émotions.

Au cours de son « accident » il a subi une trachéotomie et a pour conséquence de l’arrêt une aphasie. Durant plusieurs années, la communication est difficile (hochement de tête, essayer de lire sur les lèvres, lui apprendre à utiliser les SMS sur un portable).

Toutefois, je pense qu’il était effrayé, marqué par le cancer du pancréas de sa compagne. Celui-ci a été détecté suite à de fortes douleurs à l’estomac et au ventre a un stade très avancé. Un jour, je lui ai posé la question s’il ne se doutait pas de l’issue vu le type de cancer. J’ai vu son regard plein de tristesse : « Non, personne ne m’a prévenu ».

J’ai compris que rien ne l’avait préparé au départ de sa compagne.

Apprendre son cancer a sûrement dû raviver la peine, la douleur et pleins d’autres choses…

 

 

You may also like

Leave a Comment

* By using this form you agree with the storage and handling of your data by this website.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.